La procrastination : la foire aux idées reçues
« Remettre à plus tard ce que l’on peut faire le jour même ». Vous avez déjà entendu parler de cette tendance à procrastiner. Que de trucs en tout genre ne vous a-t-on pas conseillés pour lutter contre la procrastination ! Pourtant, ce penchant vous accompagne toujours. Alors que faire ? Après avoir éliminé plus d’une idée reçue, vous constaterez que procrastiner est surtout un signal à écouter. C’est alors que vous découvrirez des remèdes salvateurs.
Les « trucs et astuces » : les remèdes miracle ?
Depuis des années fleurissent sur le net trucs et astuces sur la gestion du temps et l’organisation. Ce sont eux qui vont vous aider à vous débarrasser du vilain monstre. S’ils étaient si efficaces, il ne devrait plus y avoir un seul procrastinateur : faciles à utiliser, le pomodoro et tout autre gadget stimulant la concentration auraient déjà dû avoir raison de la difficulté. Il est fort à parier qu’ils vous aideront à finaliser d’autres tâches que celle pour laquelle vous procrastinez ! Car vous sélectionnez les missions « procrastinatoires » : pendant que vous les rangez au fond d’un tiroir, vous vous activez sur d’autres terrains.
Personnellement, je procrastine beaucoup sur la feuille d’impôt, d’autant plus que l’échéance est lointaine. Je décide de m’y mettre et, bizarrement, je me retrouve surfant sur internet ou lisant des mails ou rangeant le bureau de l’ordinateur.
Ce procédé d’évitement n’est pas un mécanisme conscient. Je ne me dis pas : « Tiens, au lieu de m’acquitter de la corvée administrative, je vais laver ma voiture (si, cela m’est aussi arrivé) ». Non : j’agis ailleurs ! Et, pour la feuille d’impôt, j’attends la veille ou l’avant-veille…
Procrastiner : c’est de la paresse !
La sagesse populaire nous avait bien prévenus : « Celui qui remet au lendemain a un poil dans la main ! » Nous portons tous le poids de cette culpabilité, issue d’époques où la psychologie n’avait pas droit de cité. Des temps où réfléchir sur les comportements paraissait un luxe quand la survie et le travail harassant étaient le lot commun.
Pourtant, la procrastination signifie rarement « ne rien faire » : vous développez alors des trésors d’imagination pour déployer votre énergie ailleurs : vous découvrez subitement une urgence insoupçonnée pour la tonte de la pelouse, la corvée du rangement et autres tâches domestiques. Peut-être sont-elles urgentes, mais surtout, vous les percevez comme moins désagréables que celles que vous prenez grand soin d’éviter.
Procrastiner : une tendance à éliminer absolument !
La procrastination est un signal, une lumière rouge qui s’allume pour vous informer d’un dysfonctionnement. Lutter contre un signal n’a pas grand sens : ce serait comme casser le thermomètre qui affiche 39 °C de fièvre. La procrastination vous protège d’un problème sous-jacent. Tant que vous n’aurez pas traité celui-ci, vous aurez beau utiliser tous les trucs et astuces, vous resterez au point mort. Pire : comme vous aurez l’impression de stagner, malgré les « bons conseils » appliqués à la lettre, vous vous sentirez coupable, nul et définitivement au-dessous de tout. La dévalorisation et la baisse d’estime de vous-même vous éloigneront un peu plus d’une solution viable et pérenne.
Alors, autant choisir une autre vision de la procrastination ! Et s’il ne s’agissait pas d’une tare à éliminer, façon « bourrin », mais d’une mesure de protection dont vous deviez tenir compte. L’accepter et l’accueillir permettront d’éviter une culpabilité mortifère et de mettre en place une cohabitation harmonieuse.
La procrastination : un signal à respecter
Bien sûr, nous ne parlons pas ici de la procrastination chronique (environ 20 % de personnes). Celle qui devient quasiment un mode de vie et envahit tant la sphère professionnelle que privée. Très invalidante, elle justifie souvent à elle seule l’utilisation de thérapies comportementales et cognitives. Nous décrivons une procrastination moins ancrée. Comme la première, elle est liée à la régulation des émotions. A la différence près que vous pourrez trouver et appliquer vous-même les remèdes adéquats.
Procrastiner : une histoire de régulation des émotions
La procrastination est plus liée à la gestion des émotions qu’à la motivation : vous procrastinez même et parfois surtout quand le projet vous importe. La peur, sous toutes ses formes, explique le fondement de ce comportement :
- La peur de l’échec (« Si je ne fais pas, je n’échoue pas »)
- De la dévalorisation (« mieux vaut être pris pour un paresseux que pour un incompétent »)
- Du changement
- De l’inconnu
- Du jugement d’autrui.
Dans ces cas, il vaut mieux renforcer l’estime de soi que d’insister sur des méthodes diverses de planification. Il convient donc d’observer sans jugement notre comportement.
Les remèdes possibles
Il importe avant tout de retrouver du confort, de la fluidité dans l’action et de l’apaisement.
- Se demander pourquoi effectuer cette tâche vous paraît insurmontable : une désaffection réelle, un coup de mou, le signal d’un burnout potentiel ?
- Réfléchir et cerner ses propres valeurs : celles qui vous correspondent, le système de référence qui vous fait avancer (joie, entraide, générosité, découverte, famille, simplicité…) et vous donnent du cœur à l’ouvrage.
- Réorganiser sa vie autour de ces valeurs et inviter le plaisir dans vos activités. Lui ne provoque jamais de procrastination !
- Utiliser la technique des 5 minutes pour les projets au long cours. Elle s’appuie sur l’effet ZEIGARNIK selon lequel vous vous souvenez mieux des actions inachevées que de celles terminées. Ce qui explique l’inconfort intérieur que génère une tâche en suspens. Sur ce principe, il s’agit de commencer la tâche désagréable pour 5 petites minutes, montre en main. Lorsque le temps est écoulé, vous avez le choix entre arrêter ou continuer.
Ainsi, « la tendance à tout remettre au lendemain » n’a pas toujours le sens de procrastination invalidante et nuisible. Il nous arrive à tous de reporter indûment des tâches, surtout les plus déplaisantes, pour les accomplir à un moment jugé plus opportun : celui où notre énergie nous le permettra sans trop d’effort. En qualité d’indépendants, nous avons désormais la chance de fixer nous-mêmes nos horaires de travail. Plus de chef casse-pieds ni de superviseur ou de contrôle hormis celui que nous voulons bien exercer sur nous-mêmes !
Sans autocomplaisance, il est bon de nous poser et de nous accorder un peu de bienveillance et de confiance afin d’avancer mieux donc plus loin.
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