Connaissez-vous les risques de surcharge informationnelle pour notre profession hyperconnectée ?
Communication par mails, veille concurrentielle, alertes actualités, recherches documentaires, sollicitations et expositions sur les réseaux sociaux… la profession de rédacteur web exige une hyperconnectivité passionnante, et parfois addictive. Mais gare à la surcharge informationnelle contre-productive : elle altère nos capacités intellectuelles et nous inscrit dans une spirale infernale, jusqu’à l’infobésité. À nous d’en connaître les risques, pour esquiver cette épée de Damoclès en codage 0/1.
Le rédacteur web, au cœur d’un tsunami informationnel
Le constat tombe, clair et web : selon Caroline Sauvajol-Rialland, spécialiste en communication et gestion de l’information en entreprise, « le volume d’informations disponibles au format numérique double tous les 4 ans » (Comprendre et maîtriser la déferlante d’informations). En cause ? La multiplication des sources numériques : « sur ces trente dernières années, l’humanité a produit plus d’informations qu’elle n’en avait produit en 5000 ans d’histoire ». Et le phénomène ne cesse de s’amplifier. Une aubaine sonnante et trébuchante pour les professionnels de rédaction web en quête perpétuelle de clients.
Hélas ! Si l’information omniprésente constitue une ressource, elle peut s’avérer tout aussi toxique pour notre profession. Un cadre consacre 30 % de son temps à gérer l’information, sans même l’analyser ni la réutiliser. Alors qu’en est-il d’un rédacteur web ? Combien de temps à traiter ses mails, à consulter SMS et réseaux sociaux, à draguer les bas-fonds de Google pour faire émerger d’un océan de pages inutiles la bonne source documentaire ? D’outils facilitateurs, les différents supports média se transforment en dealers menant à l’overdose informationnelle, exigeant des temps de réponse ou de traitement toujours plus courts.
Votre smartphone est devenu votre meilleur ami ? Réagissez ! L’infobésité guette
Ce déferlement permanent peut déclencher des effets délétères pour notre bien-être, symptômes caractéristiques de l’infobésité, jolie contraction des mots obésité et information. Quelles sont les répercussions de cette surabondance informationnelle sur les personnes hyperconnectées ?
Le premier effet boomerang de ce recours systématique aux technologies numériques serait la perte de capacités cognitives. Habitué à déléguer certaines tâches à l’ordinateur, le cerveau comprend vite que celui-ci va les opérer à sa place. Il se met donc en mode « économie d’énergie », sans prendre la peine d’analyser ni d’enregistrer ce qu’il lit, ni même d’organiser les connaissances acquises. Les idées ainsi retirées d’un magma incommensurable se retrouvent homogénéifiées, simplifiées.
Pires encore sont les effets de la surabondance d’informations. Saturé, le cerveau répond à sa manière, en se protégeant de ce qui le met à mal. Déficit d’attention, perte de mémoire, difficulté à prendre des décisions, désengagement de son travail, voire anxiété face à l’impossibilité de traiter les tâches exigées, ou au contraire hypervigilance et addiction à internet, l’infobésité se caractérise comme un burn-out du cerveau sur sollicité.
Et l’infobésité ne s’arrête pas là, puisqu’elle altère jusqu’à la qualité des relations humaines. Formaté par l’instantanéité et la superficialité des modes de communication numérique, l’infobèse reproduit ce schéma dans ses relations professionnelles ou personnelles, nourries par des conversations zapping à 140 caractères, sans profondeur et sans chaleur.
Comment réconcilier un rédacteur web avec son outil de travail ?
Face à ce phénomène irréversible de société, la déconnexion pure et simple des supports numériques apparaît comme une réponse si radicale qu’elle se révèle impossible. Seule la prévention face aux risques d’infobésité semble pouvoir apporter une solution partielle, qui tient plus du bricolage personnel que du miracle universel.
Ici et là, on voit poindre des organisations de travail privilégiant des plages horaires sans connexion. Filtrer les appels téléphoniques, remettre la consultation de ses mails, désactiver la fonction « push notification » de son smartphone permet d’instaurer des temps sans interruption permanente. Se concentrer sur une mono tâche, sans dispersion d’attention, augmente l’efficience au travail. Sans compter que laisser vagabonder son esprit est une étape essentielle à la créativité. S’appuyer perpétuellement sur des sources existantes conduit à une homogénéisation dommageable à la recherche d’idées nouvelles.
Certaines grandes entreprises, notamment spécialisées dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication comme Google ou Facebook, l’ont bien compris. Elles introduisent peu à peu dans leur politique de ressources humaines des pratiques de « mindfulness », ou séances de méditation de pleine conscience. Elles incitent ainsi leurs salariés à trouver un meilleur équilibre entre bien-être et performance grâce à une qualité de présence et d’attention décuplée.
Droit à la déconnexion : une loi possible pour notre profession ?
Une loi à destination des entreprises introduit pour la première fois un droit à la déconnexion. Celles-ci sont dans l’obligation de mettre en place des instruments de régulation de l’outil numérique et des mesures assurant le respect des temps de repos et de congés de leurs salariés. Mais qu’en est-il des freelances des métiers du web ? Pour ma part, je ne vois qu’une seule solution : négocier de moi à moi, pour me garantir des moments loin de notre outil de travail.
Dans ce contexte, il devient plus que nécessaire de se préparer à l’évolution future de la rédaction web. Pour en savoir plus sur les perspectives et les défis à venir, consultez notre livre blanc : « L’Avenir de la Rédaction Web en 2024 ». Ce document vous fournira des informations précieuses sur la manière dont l’intelligence artificielle, notamment ChatGPT, transforme notre profession et comment vous pouvez vous adapter pour réussir dans ce nouvel environnement.
Un commentaire
Bonjour,
Bien évidemment que nous sommes trop « sollicités » même si il est possible de se déconnecter (en partie) pour éviter de perdre du temps. L’utopie du savoir universel guette et menace le rédacteur ou rédactrice web. L’organisation et la prise de recul donnent la possibilité d’être finalement plus productif et toujours concentré.